Bricoler ensemble : la collaboration entre enseignant.e.s lors d’une formation sur le mouvement bricoleur

Résumé du rapport de recherche EDU 7588

Rédigé par: Julie-Anne Turner, candidate à la maîtrise en éducation, Université d’Ottawa

L’avènement du mouvement bricoleur cède la voie à des approches pédagogiques innovantes qui viennent transformer le milieu scolaire. Ce mouvement bricoleur fut d’ailleurs au cœur des thématiques abordées lors de l’Institut canadien pour l’apprentissage des littératies numériques à l’Université d’Ottawa, ayant eu lieu du 10 au 14 juillet 2017. Dans le cadre d’un cours de maîtrise associé à cet institut, j’ai recueilli des données afin d’explorer les instances de collaboration entre les 17 enseignant.e.s suivant une formation sur le mouvement bricoleur, animée par la professeure Megan Cotnam-Kappel. En plus d’observations effectuées selon les principes de  l’observation participante (Martineau, 2005), j’ai également mené des courtes entrevues avec 3 participantes. Par la suite, les données ont été analysées par l’entremise d’un processus de codage en utilisant l’approche inductive de Blais et Martineau (2006), dans le but de repérer les thèmes principaux.

Ainsi, différentes formes de collaboration ont émergé lors de la participation des enseignant.e.s à cette  formation bricoleur. Lors de la première journée en atelier bricoleur, les participants ont surtout appris à utiliser les outils bricoleur (par ex. l’imprimante 3D) pour créer un design. La collaboration fut alors mise en pratique par les participants, qui se sont entraidés pour apprendre à utiliser le logiciel Tinkercad pour imprimer en 3D ou faire du codage avec Scratch. La seconde journée en atelier bricoleur était réservée pour la mise en œuvre du projet personnel. Certains ont collaboré pour la mise en œuvre d’un prototype, tandis que d’autres ont utilisé le temps accordé pour entamer des discussions  profondes  sur l’insertion du mouvement bricoleur dans leurs écoles.

De ce fait, la collaboration a connu un sens beaucoup plus large dans le cadre de cet atelier, tel que le réseautage. L’atelier de formation bricoleur a fourni une occasion aux enseignant.e.s de trouver et de former leur propre communauté de partage (Halverson et Sheridan, 2015). En raison de la nature innovatrice du mouvement, cette formation a brisé l’isolement des enseignant.e.s. qui sont les pionniers du mouvement bricoleur dans leurs écoles respectives.

De plus, le partage de ressources à la grande échelle par l’entremise de plateformes numériques s’est inscrit parfaitement dans le cadre de l’esprit bricoleur. Par exemple, les participants se sont partagé des documents, des sites web et des diapositives par l’entremise de Google Drive et de Twitter. Autres ressources ont été partagées sur la chaîne Slack de l’institut, une plateforme de partage en ligne auquel tous les participants de l’institut peuvent accéder. Les résultats de cette étude illustrent qu’il est donc primordial d’appuyer les enseignant.e.s, et et mettre l’accent sur la collaboration, dans la mise en œuvre du mouvement bricoleur dans leurs écoles respectives. En fournissant un appui aux enseignant.e.s, ces leaders peuvent ensuite mettre en pratique la collaboration à leur tour auprès de leurs collègues, et surtout, auprès de leurs élèves.

 

Notre communauté d’apprentissage EDU 7588

À titre de professeure adjointe en technologies éducatives à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, j’ai le réel plaisir d’offrir un nouveau cours aux études supérieures cet été, le cours EDU 7588 – thème choisi : les littératies numériques.

Les étudiantes du cours participent à des séminaires traditionnels dans la semaine 1 du cours et participeront à l’Institut canadien pour l’apprentissage des littératies numériques pour la semaine 2. La troisième et dernière semaine du cours est consacrée au développement de travaux du cours (réflexions critiques, rapports de recherche ou ressources pédagogiques) qui seront partagés sur ce site.  Ce cours vise à former la prochaine génération de leaders canadiens en recherche et en enseignement des littératies numériques au moyen d’une expérience d’apprentissage participative.

Nos séminaires ont abordé plusieurs questions fondamentales qui touchent le domaine des littératies numériques. Nous avons comparé différentes définitions et divers cadres théoriques des littératies numériques et explorer en profondeur à quoi ressemble lire, écrire et participer sur le web. Nous nous intéressons à mieux soutenir les enfants à utiliser l’Internet, à créer en ligne et à devenir des citoyens numériques critiques et responsables.

Vendredi, lors de notre dernier séminaire traditionnel, les étudiantes du cours ont présenté les thèmatiques ou questions de recherche qui feront l’objet de leurs travaux de cours. Je tiens à vous les partager, car elles sont intimement liées aux thématiques de notre institut d’été (et, si je peux me le permettre de le dire, fort intéressantes). Les thèmes comprennent :

  • le potentiel du mouvement Maker pour mieux accueillir les enfants immigrants arabophones ;
  • les liens entre le développement des compétences disciplinaires en sciences et les compétences en littératies numériques;
  • le développement des compétences des enseignants en littératies numériques et l’émergence de pratiques pédagogiques innovantes ;
  • l’impact de l’usage de Chromebooks sur le développement des compétences en littératies numériques et l’engagement chez les élèves ;
  • augmenter le niveau de confort des enseignant.e.s à employer les technologies en salle de classe ; et
  • comment développer une culture « bricoler pour apprendre » dans sa classe, son école, sa commission scolaire.

Les étudiantes du cours participeront tout au long de l’institut. Leurs expériences leur permettront de pousser plus loin leurs réflexions, d’observer, de discuter de ces thématiques avec une variété d’enseignants et d’acteurs du terrain et de  devenir leaders du domaine qui réduisent l’écart entre la théorie et la pratique. À dire vrai, mon rôle à titre de professeure (plutôt d’accompagnatrice) dans ce cours me permet aussi d’apprendre d’elles et de pousser plus loin mes réflexions – l’un des plus grands plaisirs de l’enseignement !

Megan Cotnam-Kappel, PhD

mcotnam@uottawa.ca  | @Megan_C_K